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dans le moment même, je vis entrer un grand homme noir, costumé tout-à-fait comme Bartholo, ce qui me le fit reconnaître aussitôt pour un messager du gouvernement papal. Ses habits, son visage pâle et sérieux, lui donnaient un aspect qui me fit tout-à-fait peur. Il tenait à la main un papier, que je pris naturellement pour l’ordre de quitter la ville dans les vingt-quatre heures. — Je sais ce que vous venez m’apprendre, signor, lui dis-je d’un air assez chagrin. — Je viens vous apporter la permission de rester ici tant qu’il vous plaira, madame, répondit-il.

On juge de la joie que me donna une aussi bonne nouvelle, et de mon empressement à profiter de cette faveur[1]. Je me rendis aussitôt à l’église de Sainte-Agnès, où se trouve placé le tableau du martyre de cette sainte, peint par le Dominicain. La jeunesse, la candeur est si bien exprimée sur le beau visage de

  1. Il faut croire que de Turin on instruisait le gouvernement papal du nom de tous les voyageurs français qui traversaient les États romains.