l’île de Caprée. Le comte de la Roche-Aymon et le fils aîné de M. de Talleyrand nous accompagnèrent. Ils avaient engagé deux musiciens, l’un pour chanter et l’autre pour jouer de la guitare. Nous nous embarquâmes à minuit par un beau clair de lune ; mais la mer était très agitée ; ses vagues énormes dont l’écume s’amoncelait autour de nous, menaçaient si furieusement notre chétif bateau, qu’à chaque instant je pensais le voir englouti. J’avoue que je mourais de peur. Il faut dire que je n’avais jamais fait sur mer un aussi long trajet, n’ayant entrepris jusqu’alors que le passage du Mordit dont la traversée est très courte, quand j’étais en Hollande.
Lorsque nous eûmes pris le large, M. de Talleyrand engagea ses musiciens à chanter ; mais ces deux pauvres jeunes gens étaient pris du mal de mer à un tel point, qu’il leur était bien impossible de faire de la musique. Ce mal saisit aussi madame Silva et le jeune baron ; M. de la Roche-Aymon et moi, nous n’en fûmes que très légèrement atteints.