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lui-même ; et quelques heures après, il avoit cessé de vivre. Sa mort fut pleurée par les nouveaux maîtres de Saint-Domingue ; car Montègre ne leur avoit apporté que des bienfaits. Ce n’étoit pas assez pour lui de leur prodiguer les secours de son art ; il soignoit aussi leur intelligence ; il répandoit parmi ces êtres que notre orgueil a long-temps regardés comme le rebut de la nature, toutes les connoissances qu’il avoit puisées dans sa patrie. La gloire de cet art bienfaisant ne suffit plus aujourd’hui à nos disciples d’Hippocrate ; et c’est au milieu des plus affreux périls qu’ils se plaisent le mieux à l’exercer. On les a vus se précipiter sur nos champs de bataille, au fort de la mêlée, au milieu du carnage, sous le feu des canons ennemis, pour arracher à la mort les guerriers mutilés par le glaive, ou fracassés par la mitraille. D’autres ont osé s’inoculer la peste pour essayer d’en paralyser les effets, et d’en atténuer les ravages ; et lorsque cette fièvre épouvantable qui dépeuple l’Amérique s’est présentée sur nos frontières, ils ont brigué en foule le dangereux honneur d’en affronter la rage pour