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je foule aujourd’hui les cendres, à six pieds sous la terre que nous avons trempée de nos sueurs, incertains de ce qu’on y pense de nous, de ce qu’on y fait de nos derniers vœux, de nos trésors, et de nos ouvrages ! Ah ! madame ! il est bien peu d’hommes sur la terre dont le suffrage vaille la peine d’être sollicité ; mais Ginguené étoit de ces hommes-là. C’est à eux seuls qu’il appartiendrait d’écrire l’histoire, de juger les rois et les époques ; d’en distinguer le bien et le mal, la honte et la gloire ; de leur dispenser l’éloge et le blâme ; et non pas à ces Guèbres politiques, adorateurs de tous les soleils levants, détracteurs de tous les astres éclipsés, interprètes serviles des partis qui les soudoient, et qui les méprisent en applaudissant à leur injustice.

Tels ne furent point ces historiens dont le traducteur est maintenant sous mes yeux ; et je m’attache à cette tombe pour sortir du pénible dédale où mon imagination s’est engagée. C’est dans le même enclos, sur le même terrain où fut élevé le sépulcre de Delille, qu’est enseveli Dureau de Lamalle, dont les