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cette route facile, et poussé plus loin ses infidélités. Mercier n’étoit pas homme à marcher dans les voies de La Harpe ; il affectoit un superbe mépris pour la poésie et les poètes.


Il ne voyoit en nous que des esprits frivoles :
Les vers les plus harmonieux
Ne furent jamais à ses yeux
Qu’un vain arrangement d’inutiles paroles ;
Et de plus grands auteurs ne nous traitoient pas mieux
Montesquieu, d’Alembert, Buffon, et Malebranche :
Médisoient comme lui du dieu de l’Hélicon.
Mais je crois que sur Apollon
Ces messieurs prenoient leur revanche :
Si quelque amateur indiscret
Eût fouillé dans leur cabinet,
Plus d’un brouillon, chargé de rimes incomplètes,
Auroit dévoilé le secret
De leur mépris pour les poëtes.


Mercier fut donc réduit à faire des drames en prose, et montra plus de régularité dans ses compositions que ces dramaturges allemands qu’on veut absolument nous donner pour des génies du premier ordre. Un autre mérite se faisoit remarquer dans ses ouvrages, c’est qu’il y attachoit toujours une grande