Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mier homme du monde, j’aimerois mieux avoir été Mercier que Suard. On lit encore avec plaisir son Tableau de Paris, comme la fidèle copie d’un original qui n’existe plus.


Tout est changé dans cette ville immense,
Les mœurs, les monuments, les hommes, et les lois ;
Mais, quoi qu’on dise ou qu’on en pense,
Paris, les François, et la France,
Valent mieux que ceux d’autrefois.


Mercier ne s’est point contenté de peindre les mœurs de son siècle, il a voulu pénétrer dans l’avenir ; et son an 2440 renferme quelques prophéties dont l’accomplissement a devancé l’époque qu’il avoit fixée. Son théâtre est tout entier dans ce tragique bourgeois qui fait les délices de l’Allemagne, celles de nos faubourgs, de nos antichambres, et fort souvent de notre bonne compagnie. La Chaussée l’a introduit sur la scène françoise ; Beaumarchais et Diderot l’ont mis beaucoup plus à la portée du vulgaire en lui ôtant les difficultés de la prosodie ; et il est heureux peut-être pour le genre noble, pour la tragédie véritable, que l’auteur de Mélanie n’ait pas suivi