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Et ses chagrins, et ses plaisirs.
À cette voix mélodieuse et tendre,
Tibulle est venu pour l’entendre ;
Et la triste Sapho répond à ses soupirs.
Puis, menant à l’écart l’Arioste et Voltaire,
Et tirant de son luth des sons moins gracieux,
Parny conte en riant, dans l’ombre du mystère.
Les péchés de la Bible, et la guerre des dieux.

Chénier cède à son tour aux élans de sa veine :
La lyre de Tyrtée a frémi sous ses doigts.
Il répète les chants qui, dans la noble arène,
Excitoient les François aux plus brillants exploits ;
Et, d’une voix sublime invoquant Melpomène,
Il peint l’ambition, la vengeance, la haine,
Les malheurs des héros, et les crimes des rois ;
Il retrace à nos yeux Charles-Neuf et sa mère
Couvrant leurs attentats de la religion,
Gracchus assassiné par le fer consulaire,
Le poignard de Timoléon
Au salut de l’état sacrifiant son frère,
La politique de Tibère,
Et les vertus de Fénélon,
Et l’inconstance sanguinaire
Du tyran qui, de Rome affrontant la colère,
Du joug du Vatican affranchit Albion.
Ainsi brilloit Chénier sur la scène tragique ;
Et des Fierons sur lui s’acharnoit la critique.