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pires, les trônes, les dynasties, l’autorité des princes, l’obéissance des peuples, que tout enfin repose sur la foi des transactions humaines ; qu’attaquer cette base de toutes les conditions sociales, c’est en ébranler tout l’édifice, c’est détruire l’harmonie du monde politique ? On m’opposera la violence de nos conquêtes ; et quelle est la conquête qui n’est pas le fruit de la violence ? Les états ne s’agrandissent que par des larcins légitimés par des traités ; mais la force rend du moins cet hommage à la justice et à la raison. Je n’insulte pas à la majesté des rois, je défends le principe de leur puissance. Que fait d’ailleurs à la gloire de ma patrie la possession de quelques chefs-d’œuvre de plus ? n’en est-elle point dédommagée par ses propres richesses ? La France est la patrie des arts ; et, fière de ses productions, elle n’a pas besoin de conquérir pour être grande. Les générations illustres se succèdent sur cette terre féconde ; et, dans le seul bosquet où s’impriment mes pas, il est peu de tombes qui ne rendent ce témoignage honorable. La moitié d’une de ces générations y est à peine ensevelie, et ce qu’il