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cher de nos savants. Il les aimoit comme des frères ; il savoit douter avec eux ; il avoit toujours l’air de s instruire, quand c’étoit lui qui les éclairoit de ses lumières ; et dans ces discussions où brilloit la supériorité de son mérite, si une erreur de son esprit lui étoit démontrée, il n’avoit ni l’orgueil de résister à la conviction, ni la vanité de rougir de sa défaite. L’amour de la vérité l’empoi toit en lui sur l’amour-propre. Jamais tant de savoir ne fut uni à tant de candeur. L’institut révère sa mémoire comme celle des Caylus et des Barthélémy ; l’Europe l’a surnommé le Winkelman de l’Italie ; et la France avoit acquis tant de droits sur son cœur, qu’il a laissé repartir sans lui ces mêmes monuments dont il avoit fait les objets de ses premières affections.


L’Europe a dérobé ces marbres, ces statues,
Ces tributs glorieux des nations vaincues,
Ces bronzes, ces tableaux, qu’il avoit escortés :
Ils étoient le prix du courage,
Ils comptoient, comme nous, sur la foi des traités :
Mais la force a du Louvre ordonné le pillage,
Et les parvis du Louvre en sont déshérités.
Il n’y reste que leur image,