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douter l’influence. Il caressoit les écrivains de la secte opposée, et cherchoit toutes les occasions de les attacher à sa fortune. La place de grand-maître de l’université étoit à ses yeux d’une trop grande importance, elle donnoit un trop grand ascendant sur la jeunesse, qu’il espéroit assouplir, pour être confiée à l’un des plus illustres soutiens de la philosophie, qu’il regardoit comme un obstacle à la nouvelle direction qu’il vouloit donner aux esprits ; et le sacrifice de Fourcroi devint alors une de ces nécessités politiques devant lesquelles les souverains ne reculent jamais. La victime de cette injustice n’eut point la force d’en supporter la honte : l’esprit philosophique ne suffit point pour faire un philosophe. Son repos en fut troublé ; le sommeil déserta sa paupière. Il ne put ni surmonter sa douleur ni dissimuler son dépit. Aucun travail, aucune pensée ne pouvoit le distraire de cette idée funeste ; et cette plaie, toujours saignante, fit des progrès si rapides, que ses amis en conçurent de justes alarmes. Mais leurs soins, leurs conseils et leurs consolations furent des remèdes inutiles.