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de ses égarements. Elle accuse Grétry de n’avoir pas su ce que tout le monde pouvoit apprendre, ce qu’il avoit dédaigné de montrer. Il ne tient pas à elle que la sobriété de son harmonie ne passe pour de l’indigence ; et ce préjugé défavorable cherche tous les jours à se glisser dans un parterre dont Grétry a pour ainsi dire fatigué l’admiration.

Telle est, madame, l’inconstance du goût dans les arts ; on rougit des erreurs de ses devanciers, et l’on se jette dans des erreurs nouvelles. Il n’en est point ainsi dans les sciences : on arrive plus lentement à la vérité ; on tâtonne, on hésite ; mais dès que la vérité est démontrée, elle reste immuable sur les ruines des faux systèmes qu’elle a détruits. C’est encore au dix-huitième siècle, c’est à l’esprit d’analyse qui a été l’ame de sa philosophie, que les sciences doivent la certitude de leurs principes et la rapidité de leurs progrès. J’en dois pourtant excepter l’astronomie ; et la tombe de Messier me le rappelle. C’est à Newton qu’il faut remonter pour fixer le terme de ses aberrations et l’époque de ses grandes conquêtes.