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dieux de ses ouvrages. Mais ce n’étoit pas encore assez pour forcer les ultramontains et l’envie à reconnoître son mérite. Ils lui opposoient sans cesse les compositeurs de l’Italie ; ils condamnoient la scène françoise à une éternelle médiocrité. La gloire et le patriotisme de Méhul s’indignèrent d’une partialité révoltante. Il conçut le projet de les réduire au silence. Il composa dans l’ombre un opéra qu’on annonça par-tout comme une production étrangère, et dont un mystère profond couvrit jusqu’au bout la véritable origine. L’Irato parut ; il excita des transports ; l’engouement des dilettanti fut à son comble : mais l’auteur en se nommant les confondit sans les corriger. Placé entre deux écueils, leur sot amour-propre sacrifia leur jugement à leur système ; et le préjugé triompha du goût et de la raison. L’amour-propre de Méhul étoit moins opiniâtre que celui de ses envieux ; il doutoit quelquefois de son mérite et de sa gloire, et sa confiance étoit souvent si incertaine, que, sur la critique d’un enfant, et dans un accès de modestie, il eût jeté au feu la plus belle de ses partitions. Ces mo-