Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et, pour arrêter sa puissance,
Le fanatisme à peine ose élever la voix.
Respectez cet accord inspiré par Dieu même,
Vous, qui sous tant de noms desservez ses autels !
Respectez la foi des mortels,
Et pour le crime seul réservez l’anathème ! »


Le prêtre des juifs n’osa répondre à ce vœu de ma philanthropie, et je fus moins surpris qu’affligé de son silence. Le ministre d’une autre religion auroit fait pis que de se taire. Je me hâtai de lui demander si quelques cendres illustres dormoient dans cet espace, et s’il m’étoit permis de leur apporter mon hommage. « Il en est deux que nous honorons plus que les autres, me répondit-il. Cette pyramide de pierre renferme les ossements du grand rahbin David Sintzheim. Ses vertus nous rendent sa mémoire précieuse, et son passage sur la terre est consacré dans les fastes de l’empire. C’est lui qui vint présider à Paris le grand sanhédrin des juifs. Depuis que Titus avoit réduit Jérusalem en cendres, les prêtres d’Israël, dispersés comme leurs frères, avoient cessé de se réunir. Le vainqueur d’Iéna dicta l’ordre de notre con-