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Et, bordant nos confins de ses bandes guerrières,
Imposer sans combattre à ses rivaux soumis.
Maître alors d’envahir l’empire de Neptune,
Il devoit y lancer sa gloire et sa fortune ;
Attaquer sur les mers les destins d’Albion.
Sa voix eût enfanté des Suffrens, des Duquesnes.
La gloire de nos capitaines
Eût de nos amiraux ému l’ambition.
Ils nous auroient vengés, sur les humides plaines,
Des exploits de Rodney, des lauriers de Nelson ;
Et de nos flottes souveraines
Le Gange eût dans ses ports revu le pavillon.
Mais satisfait du sceptre de la terre,
Et fier de commander aux rois du continent.
Napoléon livroit à l’avide Angleterre
Le vaste empire du trident ;
Et c’est là que l’Europe a forgé le tonnerre ;
Dont elle a frappé le géant.


Le ministre qu’il avoit chargé du portefeuille de la marine n’étoit pas homme à l’éclairer sur ses intérêts véritables. J’ai rencontré sur mes pas la tombe de ce ministre ; mais il m’avoit honoré de sa haine ; et j’ai renfermé dans mon cœur tout le mal que j’avois à dire de son administration désastreuse. Napoléon parut sentir un moment ses intérêts