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Une autre grandeur éclipsée m’attendoit à quelques pas pour me jeter dans une nouvelle surprise. À l’ombre de quatre sapins, chargés de poussière, sous une plaque fragile que la chute d’une pierre pouvoit briser, je retrouvois l’un de nos amiraux les plus recommandables. Je ne pouvois concevoir cette coupable insouciance, cette ingratitude pour la mémoire d’un homme, à qui trois grandes expéditions maritimes avoient donné une juste célébrité. Élève de l’ancienne marine, Bruix étoit resté fidèle à la patrie ; et la patrie l’avoit récompensé par des dignités éminentes. Ses talents et son courage étoient faits pour relever la gloire du pavillon françois ; et sa noble ambition fût devenue redoutable aux flottes britanniques, si le héros, qui présidoit alors aux destinées de la France et de l’Europe, eût voulu tourner ses regards vers l’empire des mers.


C’est par-là qu’il devoit affermir sa puissance.
C’est là que grondoit la vengeance
De ses plus mortels ennemis.
Il devoit sur le Rhin assurer nos frontières ;
De vingt peuples vassaux entourer son pays ;