Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dicté les arrêts. Mais qu’importaient à la masse de ses lecteurs ses contradictions et ses injustices ? La France ne demandoit alors qu’à être amusée ; elle sortoit d’un abyme de tourments, d’horreur, et de désolation ; elle étoit avide de plaisirs et de jouissances ; on vouloit rire à tout prix, aux dépens de qui que ce fût ; et Geoffroi devint la providence de son siècle. Qui sera la providence du nôtre ? Qui nous délivrera de l’esprit de parti, de l’esprit de coterie, de tous les sots esprits qui déshonorent notre littérature ? La politique a tout envahi, tout faussé, tout empesté de son influence désastreuse. Les jugements littéraires ne sont presque tous dirigés que par une haine aveugle ou par une basse complaisance. Les réputations ne sont plus que l’ouvrage du hasard et de l’intrigue. Le génie qui s’en fieroit à son mérite croupirait dans l’obscurité. Le faux goût a rompu ses digues ; il déborde, il nous entraîne ; et s’il ne pousse un homme qui réunisse à l’esprit de Geoffroi la conscience de Ginguené, nous allons retomber dans la confusion de tous les genres, et dans le chaos des absurdités du moyen âge.