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beaux unis d’Abailard et d’Héloïse ; ils furent transportés dans ce cimetière avec la chapelle sépulcrale, dont l’ingénieuse architecture rappelle les temps où vécurent ces amants illustres. Je leur devois un adieu poétique ; et je leur dis, en jetant un dernier regard sur ce monument :


Adieu, modèles de constance,
Tendres victimes de l’amour :
Vos plaisirs n’ont duré qu’un jour ;
Vous l’avez expié par trente ans de souffrance.
Dormez en paix dans ce séjour :
Vous y recueillerez l’hommage de la France.
Le monde entier vous a donné des pleurs ;
De vos amours la gloire est immortelle ;
Et tant qu’on aimera, l’amant tendre et fidèle
Sur vos tombeaux unis viendra jeter des fleurs.


En parcourant des yeux les alentours de cette chapelle, je m’aperçus que je laissois derrière moi un enclos destiné à des sépultures particulières. Un ministre de la religion de Moïse étoit appuyé sur une de ces tombes : et je n’aurois jamais osé le distraire de ses méditations pieuses, s’il n’eût arrêté sur moi