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voix douce et gracieuse qu’on chante des héros comme Alfred, Charlemagne et Napoléon. Mais lorsque, abandonnant le domaine des passions royales, Millevoye se faisoit l’interprète des tendres sentiments de la nature, des plaisirs et des douces peines de l’amour, des délicieuses émotions de la maternité, son génie se retrouvoit dans sa sphère ; sa voix redevenoit harmonieuse et flexible, et sa lyre, qui sembloit quelquefois faire entendre les vibrations sonores d’une corde nouvelle, répondoit par les accords les plus touchants à la vive et profonde sensibilité de son ame. On dit que cette sensibilité lui a coûté la vie ; que son cœur étoit ambitieux comme sa muse, et qu’il a été puni d’avoir voulu imiter les héros après avoir essayé de les chanter.


Parmi les conquérants de Gnide et de Cythère,
Il est doux d’inscrire son nom ;
Mais quand on a les traits et la taille légère
D’Adonis ou de Céladon,
Il ne faut point aimer comme l’amant d’Omphale,
Comme le héros de Pharsale,
Ou le vainqueur de Port-Mahon.


Ce n’est ni par son talent ni par son génie