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traducteur de notre La Fontaine. Notre reconnoissance lui devoit une tombe ; mais cette dette du Portugal et de la France a été acquittée par le marquis de Marialva, l’ambassadeur de son roi et le représentant de sa nation.

Le magnifique mausolée qui l’avoisine, cette rotonde à colonnes, au milieu de laquelle s’élève un autel antique, a reçu la dépouille du plus illustre de ces bannis. Le chevalier Urquijo fut le ministre de Charles IV, de ce roi qui, dépouillé par son fils, est mort à son tour sur la terre étrangère. Urquijo ne s’éleva ni par l’intrigue ni par l’adulation. Sa vertu, son savoir, et son amour pour la philosophie, furent les honorables causes de sa fortune brillante et passagère. Implacable adversaire de ces maximes ultramontaines que notre Bossuet avoit foudroyées de son éloquence, le courageux Urquijo combattoit la puissance pontificale, et soutenoit les droits des évêques espagnols contre les usurpations du Vatican. Cette audace toute nouvelle dans un pays où le fanatisme européen a choisi son dernier refuge, chez un peuple qui tremble au nom