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tréci mon horizon, je m’élevai sur une tombe pour éclairer ma route, et découvris à ma droite le mausolée de marbre blanc, que j’avais laissé à ma gauche en m’éloignant du tombeau d’Aboville. Je ne perdis plus ce mausolée de vue ; mais les détours que je pris pour y arriver m’ayant conduit vers la sépulture de la comtesse de Goislin, je ne pus me dispenser de rendre un dernier hommage à une femme qui avoit fait l’ornement de la cour de Louis XV, dont les mémoires du temps avoient loué les charmes, et dont les aimables de nos jours avoient environne la vieillesse de leurs adorations.


Elle avoit, m’a-t-on dit, tout l’esprit d’Aspasie ;
Elle avoit de Ninon la grâce et les appas ;
Et malgré sa coquetterie,
Elle s’applaudissoit, au déclin de sa vie,
D’avoir franchi la cour sans y faire un faux pas.
La chose est difficile, et je n’en réponds pas.
Une femme jeune et jolie,
Dans l’éclat des attraits, dans l’âge de l’amour,
D’adorateurs nombreux sans cesse poursuivie,
Échappe rarement aux écueils de la cour ;
Et, s’il faut répéter les discours de l’envie,