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sur la terre, et tous les vides s’y remplissent.


La fortune, il est vrai, prend souvent au hasard ;
Et la nature est bizarre comme elle.
Commode quelquefois succède à Marc-Aurèle.
On souffre un Dallainval, à défaut de Brizart.
Plus d’un Villeroi, d’un Tallard,
Porte le bâton de Turenne.
On ne met pas toujours la tiare romaine
Au front d’un Sixte-Quint ou d’un Ganganelli.
Après les Richelieu, les Colbert, les Sully,
On trouve des Maupeou, des Fleuri, des Brienne,
Des Chamillard, des Maurepas ;
On descend même un peu plus bas,
On assied Valincour au fauteuil de Racine.
Après l’aigle de Meaux, un Danchet y rumine ;
On y place au besoin un Boyer, un Cotin :
Mais enfin rien ne chôme ; et la ronde machine
Ne s’arrête point en chemin.


Me voilà bien loin du théâtre, madame ; mais la tombe de Raucourt m’y rappelle. Au-dessus de Contat, sur une colonne de marbre, est placé le buste de cette tragédienne, qui, sous le diadème d’Agrippine, semble foudroyer encore d’un regard terrible le ministre qui l’arrête à la porte de Néron. L’avè-