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cette anecdote, madame, je n’y reviendrai plus ; et je m’enfuis vers le tombeau d’Aboville pour reprendre la gravité de mes pensées.

Ce tombeau s’élève comme un temple antique. Deux portes d’airain en ferment rentrée, et deux canons de bronze lui servent de cariatides pour en soutenir le fronton. Sur l’un de ces canons, sont inscrites en lettres d’or les batailles où ce guerrier a exposé sa vie ; sur l’autre, sont les sièges dont il a été le témoin ou le directeur. Sa carrière militaire embrasse quatre ou cinq régnes divers. Sa réputation date de cette journée de Fontenoy, où le maréchal de Saxe sauva la France sous les yeux de Louis XV. Il a vu les jours de Lawfeldt et de Valmy ; il avoit combattu sous les murs d’Oudenarde, d’Ostende, de Munster, d’Anvers, et de Mons, long-temps avant que la révolution françoise eût menacé ces forteresses ; et le général Aboville en a montré le chemin aux armées du Nord et des Ardennes. Il s’est distingué sur-tout dans cette guerre mémorable,

Où, d’un peuple indigné dirigeant la vaillance,