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des discussions parlementaires ; on auroit environné ces majestueuses inaugurations de l’appareil magique des solennités religieuses, et la France n’eût pas été accusée par une indécente ironie de n’avoir plus ni grands hommes ni reconnoissance. On reviendra tôt ou tard sur cette destruction impolitique ; et cette idée ne sera point perdue pour l’avenir. L’état lui-même en sentira la grandeur ; et tout ce qui est grand devient nécessaire à un grand peuple. C’est pour le peuple, c’est pour l’état lui-même que je réveille cette idée, que j’en provoque le développement, et non pour les grands hommes dont elle serviroit à honorer la mémoire. Qu’importent sur-tout aux grands écrivains, comme La Fontaine et Molière, la place et la forme de leurs tombeaux ?


Qu’importe un vain sépulcre aux hommes de génie ?
Que fait l’étroit espace, où dort ensevelie
La cendre de leurs ossements ?
Leurs écrits sont des monuments
Que ne peut renverser le trépas ni l’envie,
Le caprice du sort ni la rage du temps.
Le ciel les a dotés d’une immortelle vie.