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un passage à l’armée françoise, à travers ces bataillons bavarois, dont la perfidie croyoit porter le dernier coup à ceux que la fortune venoit de trahir dans les plaines sanglantes de Leipsick ; et dans cette dernière campagne, où, sous les yeux de la France, le nombre fut si souvent accablé par la valeur, la cavalerie de Nansouty resta jusqu’au dernier moment la première cavalerie de l’Europe. Dégagé de ses serments par l’abdication du souverain qu’il avoit adopté, il s’empressa de les reporter à l’ancienne famille que la fortune replaçoit sur le trône de ses pères. Il lui resta fidèle jusqu’au trépas ; et, pendant sa triste agonie, il reçut un témoignage éclatant de la reconnoissance de son prince.


La Mort planoit déjà sur son lit de douleurs,
Et la froide main de la Parque
Avoit à peine ouvert les ciseaux : destructeurs,
Que d’avides solliciteurs,
De leur ambition fatiguant le monarque,
Briguoient de Nansouty le rang et les honneurs,
Le roi fut révolté de leur honteuse audace.
« Attendez, leur dit-il, que la Mort nous l’ait pris,
Laissez-moi pleurer mes amis