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ses talents et ses services ; il s’en étoit rendu digne par l’austérité de ses principes, par la sévérité de sa justice, et il a pu se dire en mourant : Dans ma vie, je n’ai fait de tort à personne.

Cette inscription vient à l’instant de frapper mes regards, et je n’en demanderai pas d’autre pour moi-même. Elle pare un tombeau qui s’élève à droite du chemin, presque en face de celui que je viens de laisser à ma gauche, sous les rameaux pendants d’un saule pleureur, où s’entrelacent les rameaux fleuris du chèvre-feuille ; et cette épitaphe est d’autant plus honorable, qu’elle appartient à un de ces hommes qui, par état et par devoir, sont trop souvent contraints d’exercer des vengeances, et d’affliger l’humanité.


Heureux qui dans les camps porte une ame sensible ;
Qui s’abreuve à regret et de sang et de pleurs ;
Qui du fléau le plus terrible
Aime à tempérer les rigueurs ;
Qui par les ennemis, qu’a domptés son courage,
Fait admirer en lui de plus douces vertus,
Et se montre après le carnage
L’exemple des vainqueurs et l’appui des vaincus !