Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bruit et sans éclat, arrivent doucement au terme de leur course, et dont l’épitaphe ne rappelle des triomphes d’aucune espèce. Ils ont compté plus de jours de bonheur que les hommes dont je viens de vous entretenir, et qui ont acheté leurs jouissances au prix de tant d’agitations et d’incertitudes. En est-il au-dessus de ces jouissances domestiques, que ne viennent troubler ni les tourments de l’envie, ni les amertumes de l’ambition, ni les variations de la politique, ni le besoin des faveurs, ni la crainte des disgrâces, ni le tracas des fonctions publiques, ni les devoirs de la grandeur et de la puissance ? Tous ces devoirs sont des chaînes ; ceux de fils, d’époux, de père, et d’ami, sont des plaisirs de tous les jours.

J’ai cependant besoin, pour vous engager à me suivre, de m’arracher à ces douces émotions. On a tout dit, madame, quand on a consacré deux pages à toutes ces vertus de famille ; et le poète ou l’historien, qui n’auroit à décrire ou à raconter que des scènes de bonheur, finirait par accabler ses lecteurs de sa fatigante monotonie. Je rentre donc dans le