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rappellera toujours le poëte le plus pur, le plus harmonieux, le plus classique de son époque, l’orateur le moins disert et le plus élégant, l’homme du monde le plus aimable. Comme cette épitaphe contraste avec cette foule d’inscriptions fastueuses qu’on rencontre à chaque pas dans cet asile de la mort ! Quand les hommes viennent y déposer la dépouille de leur semblable, l’orgueil ne devroit-il pas s’arrêter à la porte ? Chacun de ces tombeaux ne prend-il pas une voix pour leur redire les paroles de l’Ecclésiaste ? et ne devroit-on pas effacer sans pitié toutes ces légendes, qui, réveillant les passions des hommes, leur donnent ici d’autres leçons que des leçons de sagesse et de vertu ? Pourquoi laisser au caprice des vivants le soin de qualifier les morts ? Sur le seuil de cette enceinte funèbre devrait siéger un tribunal sévère, pareil aux juges redoutables que l’antiquité avoit assis entre le Tartare et l’Élysée.


Que dis-je ! ai-je oublié le siècle où je respire,
Et la variété de ses opinions ?
Des intérêts, des passions,
Ne sais-je plus quel est l’empire ?