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tinguant de ces mille chefs de dynastie qui avoient détrôné leurs maîtres légitimes, il le félicita de n’avoir détrôné que l’anarchie. Président du Corps-législatif, grand-maître de l’Université, sénateur, pair de France, il soutint dignement toutes les dignités dont il fut revêtu. Flatteur obligé d’un despote ombrageux, il sut le louer sans bassesse, et mériter une disgrâce honorable, à l’époque où l’invasion de l’Espagne venoit d’enlever à l’arbitre de l’Europe ce caractère de magnanimité qui avoit mis à ses genoux tous les rois et tous les peuples du continent. Fontanes n’étoit pourtant pas exempt de foiblesses. Il avoit sur-tout celle d’envier un nom historique, de le préférer même aux palmes du génie, qu’il lui étoit si facile d’acquérir.


Que le fils d’un Roland, d’un Guesclin, d’un Bayard,
Soit orgueilleux de sa naissance ;
Qu’il étale avec arrogance
Les titres que sur lui fit tomber le hasard ;
Je le conçois sans peine et sur-tout sans envie
Mais qu’un poëte né pour illustrer sa vie,
Pour atteindre lui-même à la postérité,
Préfère à cette gloire un éclat emprunté.