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leurs ennemis ; mais ils ne lavoient point leurs injures dans le sang de leurs concitoyens. Deux soldats de César avoient quelque raison de se haïr ; ils se défièrent à qui feroit la plus belle action dans la bataille.


C’est aux vainqueurs de Rome, à ces peuples barbares
Qui du sang des humains abreuvèrent les dieux,
Que nous devons cet usage odieux,
Et tant de coutumes bizarres,
Qu’imposa l’ignorance à nos tristes aïeux.
Le duel, ma-t-on dit, est né chez les Vandales ;
Et le présent est digne d’eux.
On ne pouvoit demander mieux
Aux auteurs des lois féodales.


Ce fut trop peu de l’introduire dans nos mœurs ; ils en souillèrent la législation de l’Europe. Quand la justice des hommes étoit incertaine, ils en appeloient au sort des armes ; et la justice du glaive étoit pour eux la justice divine. Les pontifes chrétiens, les ministres d’un Dieu qui avoit proscrit l’homicide, adoptèrent cet héritage sanglant des religions qu’ils avoient détruites. Ils soumirent leurs intérêts temporels à cette jurispru-