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fleuve ; et cette dernière campagne, où, après avoir poussé Wellington jusqu’aux murailles de Lisbonne, victorieux par-tout, mais affoibli par ses victoires, harcelé par une population soulevée, assailli par tous les fléaux, en proie à tous les besoins, dénué de tout, sans espoir, sans ressources, ne conservant enfin que son audace, il se replie à pas lents devant un ennemi, qui, malgré la supériorité de ses forces, n’ose presser sa retraite, et qui, satisfait des lauriers que la fortune lui donne, craint de perdre ses avantages en cherchant à les mériter. C’est ainsi que les noms de Lefebvre et de Masséna reproduisoient sous mes yeux les plus belles pages de notre histoire militaire. Je ne pou vois m’arracher à ces tombes qui me rappeloient tant de gloire.


Au souvenir de ces prodiges
Fuyoient de nos malheurs les souvenirs amer ;
Environné de ces prestiges,
Je savourois l’oubli de nos revers :
J’étois comme un amant qui, dans sa folle ivresse,
Oubliant son veuvage, et charmant sa douleur,
Rêve l’amour et le bonheur
Sur le tombeau de sa maîtresse