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rieuses de Lefebvre, et les exploits de Serrurier, et les victoires plus brillantes encore de Masséna ? Ces noms illustres s’étoient emparés de toutes les facultés de mon ame ; j’étois environné des prestiges de leur gloire.


Ce n’étoient plus de froids tombeaux,
Silencieux abris d’une cendre glacée :
Ces héros ranimés s’offroient à ma pensée.
Je voyois flotter leurs drapeaux ;
Je suivois leurs soldats dans la plaine guerrière.
Au bruit des tambours, des clairons,
Les coursiers hennissants voloient dans la carrière ;
Dans les airs obscurcis rouloient des tourbillons
Et de fumée et de poussière ;
Les bronzes des combats tonnoient sur les vallons ;
Le fer, qu’ils vomissoient en grêle meurtrière,
Du sang des ennemis inondoit les sillons.
L’Europe étoit tremblante ; et la victoire altière,
Des palmes à la main, guidoit nos bataillons.


Serrurier m’appeloit aux champs de l’Italie :
Il suivoit les drapeaux de l’Achille françois,
Qui, des monts de la Ligurie
Chassant vers le Tyrol les Viennois stupéfaits,
De Turin, de Mantoue, enfonçant les murailles,
Victorieux dans dix batailles,