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peuvent entendre la voix de leur mère, ni répondre aux aimables expressions de sa tendresse.


Ces malheureux enfants, ces êtres imparfaits,
Arrosoient de leurs pleurs la triste sépulture
Du vieil ami dont les bienfaits
Réparoient envers eux les torts de la nature.
Hélas ! si l’Éternel, dont ses efforts pieux
Leur avoient révélé la gloire et la puissance,
Eût exaucé les vœux de leur reconnoissance,
La mort eût respecté le maître ingénieux
Qui s’étoit fait entendre à leur intelligence.
Le protecteur de leur enfance
Jamais de ses destins n’auroit fini le cours ;
Pour prolonger son existence,
Ils auroient à l’envi sacrifié leurs jours.
Ils se pressoient en foule autour de cet abyme
Où s’engloutissoit la victime
Du temps qu’ils n’avoient pu fléchir.
Ces tristes orphelins ne savoient que gémir.
La parole manquoit à leur folle tristesse :
Leur douleur s’exhaloit en efforts superflus ;
Mais leurs sanglots, leurs signes de détresse,
Leurs regards de pitié, de respect, de tendresse,
Disoient à l’univers : « Notre père n’est plus ! »