Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

furieux sur un prince autrichien, qui avoit eu la lâcheté de le braver dans les fers et d’insulter à la gloire de l’armée françoise ; et si le prince n’eût été secouru par ses soldats, il eût payé de sa vie l’injure échappée à son orgueil. Le ciel réservoit à la captivité de Beurnonville une issue qui fit le charme de ses derniers jours. Il servit de rançon à la malheureuse fille de Louis XVI ; et cet échange honorable déroba la royale victime aux bourreaux de son auguste famille. Le ministère, le commandement des armées de Sambre-et-Meuse et de Hollande, les ambassades de Berlin et de Madrid, la dignité de sénateur, furent successivement confiés à ses talents et à son zèle. Il ajouta peu de lauriers à ceux qu’il avoit cueillis dans les premiers temps de la révolution ; et il vieillissoit dans l’inaction et dans l’oubli, quand les drapeaux de l’étranger parurent sur les hauteurs de Montmartre. Rappelé sur la scène politique par les arbitres incertains de nos destinées, associe lui-même aux arbitres des deux dynasties qui se disputaient alors le sceptre de la France en s’étayant l’une et l’autre des suffrages du peuple