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sujets, dans ce conflit perpétuel des partis et des dynasties que l’histoire nous a retracé, quel soldat s’étoit rencontré comme lui dans cette position funeste, moment rapide, épouvantable, où la surprise ne laissoit pas même de place à l’indécision, où l’esprit étonné devoit céder à l’impression des objets présents, sans pouvoir en calculer les conséquences ? Quel homme lui apparoissoit dans tout le merveilleux de sa gloire !


Le vainqueur dont l’Europe avoit subi les lois,
Celui qui d’Alexandre égaloit le courage,
Qui de César peut-être effaçoit les exploits,
Qui faisoit le destin des rois,
Qui des François douze ans avoit reçu l’hommage.


Ce n’étoit plus, il est vrai, l’homme de la patrie, car il l’avoit sacrifiée à son ambition ; et le devoir de Labédoyère étoit de le saisir, de le frapper ; car cet homme venoit détrôner le roi que Labédoyère avoit juré de défendre : mais quel devoir terrible pour un ancien soldat de cet homme ! Fatalité ! fatalité ! m’écriai-je vingt fois dans ma fuite rapide. Une