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foible ; ses traits n’avoient rien d’agréable ; mais elle suppléoit par tant de goût et de sentiment à ce que la nature lui avoit refusé, qu’on écoutoit avec ravissement ses délicieux nocturnes, et que sa laideur même se faisoit oublier.

Non loin d’elle, à droite du sentier, s’élève sur un tertre un cénotaphe de marbre blanc. Le ciseau de l’artiste a représenté sur un bas-relief une femme voilée tenant un enfant dans ses bras, et dans la morne attitude d’une veuve au désespoir. Je ne sais quel pressentiment sinistre me faisoit frémir en parcourant les inscriptions de ce cénotaphe ; et je ne saurois rendre compte des impressions qui m’assaillirent, quand je lus sur le revers le nom de Labédoyère. Je m’éloignai comme si la terre avoit tremblé sous mes pas : mais les pensées douloureuses se pressoient en foule dans mon imagination désordonnée ; le 20 mars avec ses résultats et ses causes se reproduisit sous mes yeux effrayés ;


Les erreurs du pouvoir, les fureurs des partis,
La France et l’Europe en alarmes,