Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bourbons, sous les drapeaux desquels il avoit illustré sa jeunesse ; mais il n’avoit point oublié ce qu’il devoit à la liberté. Ces deux affections se confondoient dans son ame ; et ses derniers vœux furent encore pour sa patrie. Sa dépouille ne repose point ici tout entière ; il a voulu que son cœur fût enseveli au milieu des braves qui étoient morts à ses côtés, dans les mêmes champs où il avoit triomphé ; et son fils s’est acquitté de ce pieux devoir. Son convoi fut modeste comme sa vie et sa fortune. Sur la foi de ses dignités et de ses titres on le croyoit dans l’opulence ; mais il avoit à peine de quoi soutenir son rang dans le monde ; et s’il n’eût été l’ennemi du faste, il n’auroit transmis à sa famille d’autre héritage que sa gloire.

A quelques pas de ce tombeau, la curiosité m’entraîna vers le vallon qui s’étendoit à ma droite ; et à l’extrémité d’un sentier rapide, une colonne de marbre, ombragée par un berceau de lilas et de roses, me rappela le nom de Sophie Gail, que j’avois vue rassembler autour de son piano les amateurs et les musiciens les plus célèbres. Sa voix étoit