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Excitoient dans la France un plus bruyant délire
Que la ruine d’un empire
Et la honte des rois qu’elle avoit combattus.
A nos transports d’amour, à nos chants d’allégresse,
Le vainqueur de Python se croyoit à Délos ;
Et la déesse de Paphos
Crut présider encore aux fêtes de la Grèce.
Sur les rives du Nil je suivais nos guerriers :
Mon cœur leur envioit cette belle conquête ;
D’une feuille de ces lauriers
J’aurois voulu ceindre ma tête.
Eh ! quel soldat françois ne seroit orgueilleux
D’avoir foulé la terre où l’histoire commence,
Où tant de débris glorieux
D’un grand peuple effacé révèlent la puissance ?
C’est là que de David reposent les aïeux ;
C’est là que, de Jacob soulageant les misères,
Joseph a pardonné le crime de ses frères ;
Qu’à la voix de Moïse, inspiré par les cieux,
S’ouvrirent les ondes amères ;
Que les temples d’Isis et leurs divins mystères
Attiroient à l’envi les peuples curieux.
Là, Sésostris victorieux
Trainoit les rois captifs dans les pompes thébaines ;
Là naquirent les arts, et les lois, et les dieux,
Qui firent la gloire d’Athènes.
Cet océan de sable a dans ses tourbillons
Du farouche Cambyse englouti les cohortes,