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que des sanglots. Un silence religieux succéda bientôt à cette explosion de douleur ; et l’attitude de ces deux coéphores n’avoit point changé, quand mes yeux les avoient déjà perdus de vue. Mais leurs paroles restoient gravées dans mon imagination, et retentissoient à mon oreille.


Je les voyois encor ces chefs-d’œuvre des arts
Qui, des confins de l’Italie
Escortés par nos étendards,
Chez le nouveau peuple de Mars
Venoient chercher une patrie.
Le Louvre recueilloit ces monuments épars
De la victoire et du génie.
De ces hôtes sacrés la France enorgueillie
Les dévoroit de ses regards.
Ce n’étoient point ces triomphes barbares
Où Rome et des consuls avares
Étaloient la dépouille et l’or de l’univers,
Des peuples opprimés enchaînoient les images,
Et livroient sans pudeur à d’insolents outrages
Les monarques chargés de fers :
Le François, plus humain, plus digne de sa gloire
Ne sait point insulter au malheur des vaincus ;
Et ces prix qu’en nos mains remettoit la victoire,
Ces marbres, ces tableaux, pacifiques tributs,