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ce respectable Haüy, que ses amis et ses confrères ont déposé naguère dans le sein de la même colline, et à quelques pas de Morellet. Le vulgaire ne vénéroit en lui que l’instituteur de ces jeunes aveugles, qui étonnent la capitale par le développement de leur intelligence et les progrès de leur instruction ; mais le monde savant le regardoit comme l’oracle et le flambeau de la minéralogie. En observant l’architecture des mille et mille cristallisations qui avoient passé sous ses yeux, il avoit cru reconnoître que, malgré l’innombrable variété de leurs formes, ce travail mystérieux de la nature étoit soumis à des régies invariables. Cette grande idée s’empara de toutes les facultés d’Haüy ; il ne respira plus que pour l’approfondir ; elle devint la pensée unique, la passion de sa vie entière. Aidé de la physique et de la géométrie, il parvint à découvrir ces lois ; il les fit reconnoître à l’Europe, et devint pour la minéralogie ce que Linné étoit devenu pour la botanique, Lavoisier pour la chimie, et Newton pour les sciences les plus élevées. Telle a été l’exactitude de ses milliers de calculs, a dit