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bosquet où chaque tombeau sembloit la reproduire. Je fuyois à grands pas comme pour échapper à cette vérité sinistre ; mais la tombe de Valenciennes m’attendoit sur le tertre voisin pour m’y ramener. Vous savez mieux que moi, madame, quelles étoient les qualités de ce peintre, qui fut le plus fécond de nos paysagistes, et qui en seroit le plus illustre, si le Poussin n’avoit pas existé. Vous fûtes son élève et son amie, et vous avez apprécié son mérite et son caractère. Il se croyoit appelé par la nature à marcher sur les traces des Gluck et des Grétry ; et c’est à Paris, dans la galerie du duc de Choiseul, qu’il reconnut cette erreur de son éducation, qu’il sentit sa vocation véritable. Les conseils de Doyen et les bienfaits du ministre le poussèrent en Italie. Il perfectionna son goût en contemplant les chefs-d œuvre du Vatican, en étudiant les sites classiques de la Sicile ; et, après avoir nourri son génie des leçons de l’art et de la nature, il revint en France pour être le restaurateur du genre où le Poussin s’étoit immortalisé. Il fit pour le paysage historique ce que Vien avoit fait pour les tableaux d’his-