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David respire encor, mais non pas pour la France :
Il est proscrit, il est banni
Des lieux qu’honora sa naissance.
Je sais de quel forfait notre Apelle est puni :
Il fut coupable un jour, mais sa gloire est immense ;
Sa gloire commandoit la clémence et l’oubli.
Sa fierté, m’a-t-on dit, méprise sa disgrâce,
Et, déjà pressentant son immortalité,
Ne veut point de son juge implorer la bonté :
Mais tous ces demi-dieux que son art nous retrace,
Le grand Léonidas, l’inflexible Brutus,
Romulus, Bélisaire, et les enfants d’Horace,
Ne s’animent-ils pas pour demander la grâce
De qui nous a transmis leurs traits et leurs vertus ?
Ce n’est pas lui, c’est nous qu’a frappés sa sentence ;
C’est la patrie enfin que punit son absence.
Sur la terre étrangère il porte ses pinceaux ;
Et la gloire de ses travaux
N’est plus tout entière à la France.


Quand reviendra ce temps heureux où la politique ne réglera plus la conduite des rois envers les hommes dont les talents concourent à l’illustration de leurs règnes ? Louis XIV avoit rejeté cette tradition du despotisme, ce système d’oppression, qui avoit forcé Descartes à chercher une nouvelle patrie,