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Quelque angoisse, soudain, qui m’étreigne et me force Vers cette fuite que lacère toute écorce Et qui va se butant aux troncs enchevêtrés De lianes et de lierre au hasard rencontrés, Ne me révélera moins courageux que celle Que la peur du vieux Pan fait rieuse et si belle, Que tout le crépuscule en est illuminé ? Qu’aurais-je à redouter, Seigneur, sous la forêt : N’est-ce ici que, promis à Ton geste adoré Qui domine la terre et marque l’horizon D’un équilibre qui fait stable la raison, Surgi, d’un gland semé dès le Commencement, A grandi, siècle à siècle, et, qui sait ? conscient, L’Arbre démesuré qui portera son Dieu ? Igdrasil, qu’ébrancha d’un gouet soucieux, Abrahm, et qu’abattit, sans doute, la tempête ? Or voici que, striant le sous-bois où je guette, Un rayon pâle et doux tombe sur ma prière ; Je songe aux pieds blancs de la Vierge au baptistère, Foulant le croissant que tu portes en couronne, Diane, et ton cor m’appelle au fond du bel automne.