Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et qui rit de bon coeur des feintes de Mercure : « La moisson qu’on engrange est en profits moins sûre Que celle que l’on vend au soir des batteries », Dit-il ; et nous rentrons au long des métairies. Quelque chose de sain, fumée aromatique D’un chaume, quelque chose et de grave et d’antique Planait sur le paisible et pâle crépuscule ; Il semblait que la Vie, où tout rêve recule Et cherche son appui parmi les certitudes, Eût senti sous ses pas, propice aux attitudes Des hauts-reliefs brisés dont le fragment étonne, Le sol ferme et joyeux du plus ancien automne ; Quand, cueillis dans le geste enrythmé des faucilles, Les blés prédestinés dont l’épi lourd oscille Pour adorer le Christ qui passait auprès d’eux, S’engrangeaient, sans remords, sous le regard des dieux.