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Seigneur, n’est-il permis de sourire à la vie ? A ce festin fatal où Ta voix nous convie Prenant place, aurons-nous méconnu Ta loi sainte ? L’amour, qui transparaît au masque de Ta crainte. Ne saurait-il sourire ? Et faut-il détourner, Des fruits de Tes vergers, un regard étonné ? Est-ce l’épreuve, encor, de l’Éden et de l’Arbre ? Accoudé au balustre où s’appuie un beau marbre Que le sculpteur orna de Ta divine grâce, Regarderai-je, au long des fleurs de la terrasse, Errer, selon Ta loi, les couples attardés ! Surprendrai-je un sourire, une taille encerclée, Sans rire aux passions dont toute âme est peuplée ? Cette nuit est à Toi, Créateur, et l’hommage D’un baiser entendu derrière le feuillage Chantant à l’unisson des vieilles Destinées, Selon Ta loi par qui les nations sont nées, Montera, confondu dans la rumeur immense De Ton Éternité qui, chaque heure, commence.