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Ainsi qu’un débauché sur le seuil bas d’un bouge,
Le jour sort de la nuit de léthargie ;

De grands clairons brandis sonnant l’éveil des races
Saluent l’aube d’un cri déchirant, elle saigne !
Les peuples gourds s’étirent bâillant leur faim vorace
— C’est pour la lutte encore que les mains s’étreignent —

Ah ! lève-toi, Soleil, archange de la vie,
Fais tournoyer ton glaive au seuil du vieil Eden :
L’homme las se retourne sur la route infinie
Et songe au lourd repos des légendes lointaines ;

O Vie ! amour, espoir, orgueil, colères fortes !
Chassez-nous vers la lutte exaltante et tenace ;
O Foi, vierge d’acier qui mène les cohortes,
Laboure de ta lance le cœur foulé des races !


La Loire éploie au vent son bleu manteau de reine
— Du haut de cette tour je regarde en aval —
Vergers d’avril, pourpris, renaissante Touraine,
Ne doit-il refleurir ton grand lys virginal ?