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La grâce du martyre qui chante dans les flammes.

Et, levée en sursaut, furtive et vive,
Retenant son haleine, à tâtons dans la nuit,
Elle s’est enfuie,
Pieds nus sur la grand’route du Paradis.

Cueillez des violettes au bois, fillettes,
Des crocus dans la plaine.

Près de la haute borne milliaire
Elle a pris peur et regarde en arrière :
La lune tombe mourante sur la lande,
Lune sanglante et lasse ;
Désormais devant elle
La grand’route est couleur de cendres…
Qu’importe ! intrépide elle passe
— La grâce brille en elle —
Vers la nuit noire.

Cueillez des violettes noires, fillettes,
Des crocus d’or couleur de gloire.

Voici qu’au-devant d’elle, maintenant,
S’en viennent de beaux anges parés