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« Celle qu’on nomme
Agnès, fille chrétienne à ce qu’on dit. »

Et quand il eut parlé selon son art
De rhéteur et de juge qui se fait craindre,
Il menaça la vierge, feignant, peut-être,
Pour la contraindre :
« Tille patricienne, prends pour époux un homme ;
Ou, si tu veux vouer ton corps aux Dieux,
Sacrifie à Vesta, comme les filles de T{pme ;
Sinon, ton mépris sera ton aveu,
Et l’on te jetterait aux mérétrices… »
Il parlait haut, de verve,
Outrant son zèle en homme qu’on observe,
Et pensant bien l’amener à son choix.
Mais elle ne frémit pas
Et, levant haut la tête, de claire voix :
« Seigneur, vous auriez honte ;
Mais je n’ai rien à craindre :
Celui que j’aime dompte
Même la mort atroce ;
Il saura bien me ceindre
Du rempart de sa force.
J’estime votre fils — pussê-je vous estimer,