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Aimer : c’est vivre en joie une heure palliante ;
C’est mourir une vie aigrie ou patiente,
Fréneuse de regrets, d’espoirs inconsciente.

L’amour : c’est le sursum, l’aubade universelle ;
C’est la prière des existences vers Celle
Ou Celui de là-haut par qui l’être ruisselle.

Aimer : c’est aspirer les frais parfums de l’aube ;
C’est pleurer, le soir, vers le jour qui se dérobe ;
C’est vénérer tout ce que notre azur englobe,

L’amour est celle voix qui murmure la rime ;
C’est toi, muse, et mon vers en qui ton vœu s’exprime
Redira que l’amour ne fut jamais un crime.

Aimer : c’est le métier de l’aède qui pense ;
C’est le balsame cher qui mitigé et compense
Ma douleur que, là-haut, attend sa récompense.