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ANCAEUS



Les groupes se forment
LE JOUEUR DE LYRE

De la terre vers Eux
Monte l’hymne prestigieux des voix sacrées,
De la Nuit et du Jour et des deux Crépuscules ;
De la terre vers Eux
Des soirs de marbre et des aubes nacrées
Monte le chœur perpétuel des voix nulles,
Des êtres sans nom et des âmes exécrées,
En servile éloge vers Eux !
Vers Eux.
Les Forts et les Grands et les Maîtres,
Dieux des forces dont geint l’orbe de vie esclave,
Vers Eux,
Gardiens impénétrés des sorts mauvais et traîtres.
Dispensateurs du vivre au geste grave,
Monte d’ici le vœu d’hommes justes et forts
Pour que ne sortent de leurs mains les mauvais sorts
Et qu’ils écartent de nos pas les vaines morts !


En un van que tient un esclave, l’époux, debout près de l’épouse, choisit la grappe et l’élève, se tournant vers les chœurs, d’un geste lent ; cependant que chantent ceux-ci.
CHŒUR DE FEMMES

Choisis celle
Choisis celleD’où ruisselle
Choisis celle D’où ruisselle— Pourpre chaude
Pour ta lèvre
Pour ta lèvre Qui s’enfièvre
Pour ta lèvre Qui s’enfièvreDe la sienne —
Le vin qui fera luire en ses yeux d’émeraude
Le feu qui livre au dieu Celle que tu veux tienne.

CHŒUR DES SATYRES

L’eau des cieux et des fleuves
Le soleil et la brise
Ont distillé pour toi ce vin de ta prêtrise,
Roi, pour qu’au soir inébrié tu t’en abreuves.


Une pause