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huit ans, arrivé dans la penſion en même tems que lui. Villette, tout jeune qu’il étoit, commença par obſerver ſes démarches, dans la vue de démêler ſon caractère, & de l’attaquer enſuite par l’endroit le plus foible.

Les obſervations de notre jeune enculeur, ne furent point vaines ; il n’eut pas fréquenté quinze jours le petit ganimède, qu’il découvrit en lui un grand fond de gourmandiſe ; bien aſſuré que les bonbons étoient ſa paſſion favorite, Villette lui en prodigua d’une manière déſintéreſſée, & ſe garda bien de lui laiſſer entrevoir le motif d’une généroſité d’autant plus extraordinaire que leur connoiſſance ne dattoit pas de bien loin.

Lorſque Villette vit ſon mignon accoutumé à l’uſage journalier des friandiſes, lorſqu’il vit que cette habitude étoit devénue un beſoin chez lui, il commença à diminuer la portion qu’il lui donnoit chaque jour, & ceſſa enfin abſolument de lui en donner. Le blondin, à qui cette privation étoit inſupportable, s’en plaignit amérement à Villette, & lui demanda quelles raiſons il avoit de changer ainſi de conduite à ſon égard. C’étoit où Villette l’attendoit. — Je n’ai point d’autre motif